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Aux Indes, l’Anglais ne gouverne que dans l’intérêt de l’indigène. Il a certainement commis des fautes, peut-être en commet-il encore ; mais les Administrateurs de ces grandes régions de l’Asie ont conscience de leur devoir et l’accomplissent dans un réel esprit de sincérité.

Aux Philippines cela est encore plus frappant ; les Américains ne se sont pas contentés de diriger honnêtement, ils ont instruit et éduqué les Philippins, non seulement pour qu’ils puissent les aider ou les assister, mais encore pour les remplacer, éventuellement, dans le Gouvernement du pays. Les Américains avaient déjà en vue le retour possible à l’indépendance des Phillipins, et voyaient la solution finale nécessaire à la tranquillité internationale qui doit rendre le monde entier au bonheur et à la sécurité.

XVII


Le Japon « Nation profiteuse ».

Mais en Corée, les Japonais gouvernent et administrent dans un esprit opposé, en Nation-Maîtresse ou, mieux encore, en Nation-Profiteuse. Le bonheur et le développement de la Corée n’ont jamais été les buts de gouvernement du Japon.

XVIII


Le Japon contre le Monde.

En plus de toutes ces raisons qui concernent plus particulièrement les intérêts directs du peuple coréen, l’intérêt vital du monde entier se trouve en jeu dans cette question — plus spécialement les intérêts de la France en Extrême-Asie, ceux de la Grande Bretagne et des États-Unis également en Asie et sur le Pacifique — intérêt qui réclame et doit réaliser la désannexion de la Corée et la libération de son peuple du joug japonais.

Au point de vue des échanges et du Commerce, le Japon élimine progressivement les commerçants occidentaux et leur ferme le marché de la Corée, afin de s’en emparer entièrement, bien qu’il fût ouvert au Commerce mondial par les Puissances étrangères elles-mêmes, à la suite de leur Traité avec la Corée.

Cette élimination méthodique par le Japon des influences occidentales, est la suite raisonnée de son attitude dans le passé, et trouve toute son expression dans l’exemple de l’interdiction du droit de propriété pour l’Étranger sur le territoire japonais, ainsi que dans l’exclusion de toute influence étrangère par l’application déplacée de la doctrine de Monroe en Extrême-Asie.

XIX


La Politique Continentale Japonaise.

C’est dans les Buts-Éloignés de la politique Japonaise — réalisables éventuellement grâce à l’annexion de la Corée — que la France, aussi bien que l’Angleterre et l’Amérique, sera atteinte dans ses intérêts vitaux.

Le danger, pour le monde, réside précisément dans le « laisser-faire » dont jouit le Japon pour sa politique de conquête continentale.

Cette politique tend, avant tout, à l’hégémonie en Asie, par la domination et le contrôle sur la force et les richesses naturelles de la Chine — possibles seulement par le point d’appui continental que lui offre la Corée — par la maîtrise du Pacifique, au moyen de l’introduction des émigrants japonais en Australie et sur les côtes des États-Unis.

XX


L’Exécution de cette Politique.

La politique continentale du Japon a déjà trouvé en partie sa réalisation. dans les deux guerres victorieuses contre la Chine en 1894-95 et la Russie en 1905-04, et dans l’annexion de la Corée le 22 Août 1910.

La présence des Japonais en Corée rend pleine de difficultés la souveraineté chinoise en Mandchourie du Sud et dans la Mongolie Orientale intérieure. Si ces régions stratégiques venaient à tomber dans les mains des Japonais (plan de