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considérée que comme un fléau passager et partiel, qui faisoit le malheur des habitans de quelques villes, sans influer sur l’esprit général de la nation.

La Grèce avoit reçu des peuples de l’Orient leurs arts, une partie de leurs connoissances, l’usage de l’écriture alphabétique, et leur systême religieux ; mais c’étoit par l’effet des communications établies entre elle et ces peuples, par des exilés, qui avoient rapporté de l’Orient des lumières et des erreurs.

Les sciences ne pouvoient donc y être devenues l’occupation et le patrimoine d’une caste particulière. Les fonctions de leurs prêtres se bornèrent au culte des Dieux. Le génie pouvoit y déployer toutes ses forces, sans être assujetti à des observances pédantesques, au systême d’hypocrisie d’un collége sacerdotal. Tous les hommes conservoient un droit égal à la connoissance de la vérité. Tous pouvoient chercher à la découvrir pour la communiquer à tous, et la leur communiquer tout entière.