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Les progrès des sciences n’étoient pour eux qu’un but secondaire, qu’un moyen de perpétuer ou d’étendre leur pouvoir. Ils ne cherchoient la vérité que pour répandre des erreurs ; et il ne faut pas s’étonner qu’ils l’ayent si rarement trouvée.

Cependant, ces progrès, quelque lents, quelque foibles qu’ils soient, auroient été impossibles, si ces mêmes hommes n’avoient connu l’art de l’écriture, seul moyen d’assurer les traditions, de les fixer, de communiquer et de transmettre les connoissances, dès qu’elles commencent à se multiplier.

Ainsi l’écriture hiéroglyphique, ou fut une de leurs premières inventions, ou avoit été inventée avant la formation des castes enseignantes.

Comme leur but n’étoit pas d’éclairer, mais de dominer, non-seulement ils ne communiquoient pas au peuple toutes leurs connoissances, mais ils corrompoient par des erreurs celles qu’ils vouloient bien lui révéler ; ils lui enseignoient, non ce qu’ils croyoient vrai, mais ce qui leur étoit utile.