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qu’ils avoient à tromper le peuple, à dominer les esprits.

Leurs sages s’occupèrent sur-tout de l’astronomie : et, autant qu’on en peut juger par les restes épars des monumens de leurs travaux, il paroît qu’ils atteignirent le point le plus haut où l’on puisse s’élever, sans le secours des lunettes, sans l’appui des théories mathématiques supérieures aux premiers élémens.

En effet, à l’aide d’une longue suite d’observations, on peut parvenir à une connoissance des mouvemens des astres assez précise, pour mettre en état de calculer et de prédire les phénomènes célestes. Ces lois empyriques, d’autant plus faciles à trouver que les observations s’étendent sur un plus long espace de temps, n’ont point conduit ces premiers astronomes jusqu’à la découverte des lois générales du systême du monde ; mais elles y suppléoient suffisamment pour tout ce qui pouvoit intéresser les besoins de l’homme, ou sa curiosité, et servir à augmenter le crédit de ces usurpateurs du droit exclusif de l’instruire.