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prit de brigandage, se répandre sur un territoire étranger.

Cette tyrannie, resserrée dans un trop petit espace, ne pouvoit avoir qu’une courte durée. Les peuples secouèrent bientôt ce joug imposé par la force seule, et que l’opinion même n’eût pu maintenir. Le monstre étoit vu de trop près, pour ne pas inspirer plus d’horreur que d’effroi : et la force comme l’opinion ne peuvent forger des chaînes durables, si les tyrans n’étendent pas leur empire à une distance assez grande, pour pouvoir cacher à la nation qu’ils oppriment, en la divisant, le secret de sa puissance et de leur foiblesse.

L’histoire des républiques appartient à l’époque suivante : mais celle qui nous occupe va nous présenter un spectacle nouveau.

Un peuple agriculteur, soumis à une nation étrangère, n’abandonne point ses foyers : la nécessité le contraint à travailler pour ses maîtres.

Tantôt la nation dominatrice se contente de laisser, sur le territoire conquis, des