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des anciens de chaque grande famille. C’est là que se décidoient les affaires communes de la société, que se jugeoient les affaires particulières. C’est là qu’on rassembloit ses richesses les plus précieuses, pour les soustraire aux brigands qui durent se multiplier en même-temps que ces richesses sédentaires. Lorsque les nations restèrent dispersées sur leur territoire, l’usage détermina un lieu et une époque pour les réunions des chefs, pour les délibérations sur les intérêts communs, pour les tribunaux qui prononçoient les jugemens.

Les nations qui se reconnoissoient une origine commune, qui parloient la même langue, sans renoncer à se faire la guerre entre elles, formèrent presque toujours une fédération plus ou moins intime, convinrent de se réunir, soit contre des ennemis étrangers, soit pour venger mutuellement leurs injures, soit pour remplir en commun quelque devoir religieux.

L’hospitalité et le commerce produisirent même quelques relations constantes, entre des nations différentes par leur