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productions spontanées de la terre suffisoient presque à la subsistance des hommes. Ils commencèrent donc à se livrer à l’agriculture.

Dans un pays fertile, dans un climat heureux, le même espace de terrain produit en grains, en fruits, en racines, de quoi nourrir beaucoup plus d’hommes que s’il étoit employé en pâturages. Ainsi, lorsque la nature du sol ne rendoit pas cette culture trop pénible, lorsqu’on eut découvert le moyen d’y employer les mêmes animaux qui servoient aux peuples pasteurs pour les voyages ou pour les transports, lorsque les instrumens aratoires eurent acquis quelque perfection, l’agriculture devint la source de subsistance la plus abondante, l’occupation première des peuples ; et le genre humain atteignit sa troisième époque.

Quelques peuples sont restés, depuis un temps immémorial, dans un des deux états que nous venons de parcourir. Non-seulement, ils ne se sont pas élevés d’eux-mêmes à de nouveaux progrès, mais les relations qu’ils ont eues avec les peuples parvenus à