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sont réellement indéfinis dans le sens le plus absolu, puisqu’il n’existe pas de borne, en deçà de laquelle ils doivent s’arrêter.

Dans le premier, ils le sont encore par rapport à nous, si nous ne pouvons fixer ce terme, qu’ils ne peuvent jamais atteindre, et dont ils doivent toujours s’approcher ; sur-tout si, connoissant seulement qu’ils ne doivent point s’arrêter, nous ignorons même dans lequel de ces deux sens le terme d’indéfini leur doit être appliqué ; et tel est précisément le terme de nos connoissances actuelles, sur la perfectibilité de l’espèce humaine, tel est le sens dans lequel nous pouvons l’appeler indéfinie.

Ainsi, dans l’exemple que l’on considère ici, nous devons croire, que cette durée moyenne de la vie humaine doit croître sans cesse, si des révolutions physiques ne s’y opposent pas ; mais nous ignorons quel est le terme qu’elle ne doit jamais passer ; nous ignorons même si les lois générales de la nature en ont déterminé un au-delà duquel elle ne puisse s’étendre.