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le, sur les motifs naturels d’y conformer leurs actions, sur leurs intérêts, soit comme individus, soit comme membres d’une société, sans faire aussi dans la morale pratique des progrès non moins réels que ceux de la science même. L’intérêt mal entendu n’est-il pas la cause la plus fréquente des actions contraires au bien général ? La violence des passions n’est-elle pas souvent l’effet d’habitudes, auxquelles on ne s’abandonne que par un faux calcul, ou de l’ignorance des moyens de résister à leurs premiers mouvemens, de les adoucir, d’en détourner, d’en diriger l’action.

L’habitude de réfléchir sur sa propre conduite, d’interroger et d’écouter sur elle sa raison et sa conscience, et l’habitude des sentimens doux qui confondent notre bonheur avec celui des autres, ne sont-elles pas une suite nécessaire de l’étude de la morale bien dirigée ; d’une plus grande égalité dans les conditions du pacte social ? Cette conscience de sa dignité qui appartient à l’homme libre, une éducation fondée sur une connoissance approfondie de notre constitution morale, ne doivent-elles pas rendre communs