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Ce n’est donc point seulement à la bassesse des historiens, comme on l’a reproché avec justice à ceux des monarchies, qu’il faut attribuer la disette des monumens d’après lesquels on peut tracer cette partie la plus importante de l’histoire des hommes.

On ne peut y suppléer qu’imparfaitement par la connoissance des lois, des principes pratiques de gouvernement et d’économie publique, ou par celle des religions, des préjugés généraux.

En effet, la loi écrite et la loi exécutée, les principes de ceux qui gouvernent, et la manière dont leur action est modifiée par l’esprit de ceux qui sont gouvernés, l’institution telle qu’elle émane des hommes qui la forment, et l’institution réalisée ; la religion des livres et celle du peuple, l’universalité apparente d’un préjugé, et l’adhésion réelle qu’il obtient, peuvent différer tellement, que les effets cessent absolument de répondre à ces causes publiques et connues.

C’est à cette partie de l’histoire de l’espèce humaine, la plus obscure, la plus