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les transmettent à un nombre de lecteurs incomparablement plus grand que celui des auditeurs ; comment presque toutes les décisions importantes, prises dans des assemblées nombreuses, étant déterminées d’après l’instruction que leurs membres reçoivent par la lecture, il a dû en résulter, entre les règles de l’art de persuader chez les anciens et chez les modernes, des différences analogues à celle de l’effet qu’il doit produire, et du moyen qu’il employe ; comment enfin, dans les genres et même chez les anciens, on se bornoit à la lecture des ouvrages, comme l’histoire ou la philosophie ; la facilité que donne l’invention de l’imprimerie, de se livrer à plus de développemens et de détails, a dû encore influer sur ces mêmes règles.

Les progrès de la philosophie et des sciences ont étendu, ont favorisé ceux des lettres, et celles-ci ont servi à rendre l’étude des sciences plus facile, et la philosophie plus populaire. Elles se sont prêté un mutuel appui, malgré les efforts de l’ignorance et de la sottise pour les désunir, pour les rendre ennemies. L’érudition, que