Page:Condorcet Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain.djvu/318

Cette page a été validée par deux contributeurs.
(310)

moyens de reconnoître ou de prouver une vérité, doivent conduire naturellement à comparer le sentiment qui nous force d’adhérer à des opinions fondées sur ces motifs réels de crédibilité, et celui qui nous attache à nos préjugés d’habitude, ou qui nous force de céder à l’autorité : et cette comparaison suffit pour apprendre à se défier de ces dernières opinions, pour faire sentir qu’on ne les croit réellement pas, lors même qu’on se vante de les croire, qu’on les professe avec la plus pure sincérité. Or ce secret une fois découvert rend leur destruction prompte et certaine.

Enfin cette marche des sciences physiques que les passions et l’intérêt ne viennent pas troubler, où l’on ne croit pas que la naissance, la profession, les places donnent le droit de juger ce qu’on n’est pas en état d’entendre ; cette marche plus sûre ne pouvoit être observée sans que les hommes éclairés cherchassent dans les autres sciences à s’en rapprocher sans cesse ; elle leur offroit à chaque pas le modèle qu’ils devoient suivre, d’après lequel ils pouvoient juger de leurs propres efforts, reconnoître