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taxe sans y avoir consenti. Mais le gouvernement britannique faisoit semblant de croire que Dieu avoit créé l’Amérique comme l’Asie, pour le plaisir des habitans de Londres, et vouloit en effet tenir entre ses mains, au delà des mers, une nation sujette, dont il se serviroit, quand il en seroit temps, pour opprimer l’Angleterre européenne. Il ordonna aux dociles représentans du peuple anglois, de violer les droits de l’Amérique, et de la soumettre à des taxes involontaires. Elle prononça que l’injustice avoit brisé ses liens, et déclara son indépendance.

On vit alors, pour la première fois, un grand peuple délivré de toutes ses chaînes, se donner paisiblement à lui-même la constitution et les lois qu’il croyoit les plus propres à faire son bonheur ; et comme sa position géographique, son ancien état politique l’obligeoient à former une république fédérative, on vit se préparer à la fois dans son sein treize constitutions républicaines, ayant pour base une reconnoissance solemnelle des droits naturels de l’homme, et, pour premier objet, la conservation de ces