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terre de ses préjugés commerciaux, de son respect superstitieux pour les vices de sa constitution et de ses lois, tandis que le respectable Howard dénonçoit aux Français la barbare insouciance qui, dans leurs cachots et leurs hôpitaux, immoloit tant de victimes humaines.

Les violences ou la séduction des gouvernemens, l’intolérance des prêtres, les préjugés nationaux eux-mêmes, avoient perdu le funeste pouvoir d’étouffer la voix de la vérité, et rien ne pouvoit soustraire, ni les ennemis de la raison, ni les oppresseurs de la liberté, à un jugement qui devenoit bientôt celui de l’Europe entière.

Enfin, on y vit se développer une doctrine nouvelle, qui devoit porter le dernier coup à l’édifice déjà chancelant des préjugés : c’est celle de la perfectibilité indéfinie de l’espèce humaine, doctrine dont Turgot, Price et Priestley ont été les premiers et les plus illustres apôtres ; elle appartient à la dixième époque, où nous la développerons avec étendue. Mais nous devons exposer ici l’origine et les progrès d’une fausse