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corrompue, qui plaçoit la prospérité d’une nation dans l’appauvrissement de ses voisins, dans les vues étroites d’un régime prohibitif, dans les petites combinaisons d’une fiscalité tyrannique.

Mais les vérités nouvelles dont le génie avoit enrichi la philosophie, la politique et l’économie publique, adoptées avec plus ou moins d’étendue par les hommes éclairés, portèrent plus loin leur salutaire influence.

L’art de l’imprimerie s’étoit répandu sur tant de points, il avoit tellement multiplié les livres, on avoit su les proportionner si bien à tous les degrés de connoissances, d’application, et même de fortune ; on les avoit pliés avec tant d’habileté à tous les goûts, à tous les genres d’esprit ; ils présentoient une instruction si facile, souvent même si agréable ; ils avoient ouvert tant de portes à la vérité, qu’il étoit devenu presque impossible de les lui fermer toutes, qu’il n’y avoit plus de classe, de profession à laquelle on pût l’empêcher de parvenir. Alors, quoiqu’il restât toujours un très-grand