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gée ; et cette science nouvelle a été portée par Stewart, par Smith, et sur-tout par les économistes françois, du moins, pour la précision et la pureté des principes, à un degré qu’on ne pouvoit espérer d’atteindre si promptement, après une si longue indifférence.

Mais ces progrès dans la politique et dans l’économie politique avoient pour première cause ceux de la philosophie générale ou de la métaphysique, en prenant ce mot dans son sens le plus étendu.

Descartes l’avoit réunie au domaine de la raison ; il avoit bien senti qu’elle devoit émaner tout entière des vérités évidentes et premières que l’observation des opérations de notre esprit devoit nous révéler. Mais bientôt son imagination impatiente l’écarta de cette même route qu’il avoit tracée, et la philosophie parut quelque temps n’avoir repris son indépendance que pour s’égarer dans des erreurs nouvelles.

Enfin, Locke saisit le fil qui devoit la guider ; il montra qu’une analyse exacte,