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seul suffit pour mériter la damnation éternelle.

La science de la morale ne pouvoit sans doute exister encore ; puisque les prêtres jouissoient du privilége exclusif d’en être les interprètes et les juges. Mais ces mêmes subtilités, également ridicules et scandaleuses, conduisirent à chercher, aidèrent à faire connoître le degré de moralité des actions ou de leurs motifs, l’ordre et les limites des devoirs, les principes d’après lesquels on doit choisir quand ils paroissent se combattre : ainsi, en étudiant une machine grossière, que le hasard a fait tomber dans ses mains, souvent un mécanicien habile parvient à en construire une nouvelle moins imparfaite, et vraiment utile.

La réforme, en détruisant la confession, les indulgences, les moines, et le célibat des prêtres, épura les principes de la morale, et diminua même la corruption des mœurs dans les pays qui l’embrassèrent ; elle les délivra des expiations sacerdotales, ce dangereux encouragement du crime, et du célibat religieux, destructeur de toutes les