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lité des hommes qui parlent une même langue.

Sans le secours de cet art, auroit-on pu multiplier ces livres destinés à chaque classe d’hommes, à chaque degré d’instruction ? Les discussions prolongées, qui seules peuvent porter une lumière sûre dans les questions douteuses, et affermir sur une base inébranlable ces vérités trop abstraites, trop subtiles, trop éloignées des préjugés du peuple ou de l’opinion commune des savans, pour ne pas être bientôt oubliées et méconnues ; les livres purement élémentaires, les dictionnaires, les ouvrages où l’on rassemble, avec tous leurs détails, une multitude de faits, d’observations, d’expériences, où toutes les preuves sont développées, tous les doutes discutés ; ces collections précieuses qui renferment, tantôt tout ce qui a été observé, écrit, pensé, sur une branche particulière des sciences, tantôt le résultat des travaux annuels de tous les savans d’un même pays ; ces tables, ces tableaux de toute espèce, dont les uns offrent aux yeux des résultats que l’esprit n’auroit saisis qu’avec un travail pénible,