Page:Condorcet Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain.djvu/188

Cette page a été validée par deux contributeurs.
(180)

la guerre moins meurtrière et les guerriers moins féroces. Les expéditions militaires sont plus dispendieuses ; la richesse peut balancer la force : les nations même les plus belliqueuses sentent le besoin de se préparer, de s’assurer les moyens de combattre, en s’enrichissant par le commerce et les arts. Les peuples policés n’ont plus à craindre le courage aveugle des nations barbares. Les grandes conquêtes, et les révolutions qui les suivent, sont devenues presque impossibles.

Cette supériorité, qu’une armure de fer, que l’art de conduire un cheval presque invulnérable, de manier la lance, la massue ou l’épée, donnoit à la noblesse sur le peuple, a fini par disparoître totalement : et la destruction de ce dernier obstacle à la liberté des hommes, à leur égalité réelle, est due à une invention, qui sembloit, au premier coup-d’œil, menacer d’anéantir la race humaine.

En Italie, la langue étoit parvenue presqu’à sa perfection vers le quatorzième siècle. Le Dante est souvent noble, précis,