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pays et le chef de l’église, ceux qui avoient un esprit plus juste, un caractère plus franc, plus élevé, combattirent pour la cause des hommes contre celle des prêtres, pour la cause du clergé national contre le despotisme du chef étranger. Ils attaquèrent ces abus, ces usurpations dont ils cherchoient à dévoiler l’origine. Cette hardiesse ne nous paroît aujourd’hui qu’une timidité servile ; nous rions de voir prodiguer tant de travaux pour prouver ce que le simple bon sens devoit apprendre : mais ces vérités, alors nouvelles, décidoient souvent du sort d’un peuple ; ces hommes les cherchoient avec une ame indépendante ; ils les défendoient avec courage : et c’est par eux que la raison humaine a commencé à se ressouvenir de ses droits et de sa liberté.

Dans les querelles qui s’élevoient entre des rois et les seigneurs, les premiers s’assurèrent l’appui des grandes villes, ou par les priviléges, ou par la restauration de quelques-uns des droits naturels de l’homme ; ils cherchèrent, par des affranchissemens, à multiplier celles qui jouiroient du droit de commune. Ces mêmes hommes, qui