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qui avoit déshonoré les beaux jours de la Grèce, savante et libre.

Les serfs de la glèbe cultivoient les terres des vainqueurs. Cette classe opprimée fournissoit pour leurs maisons des domestiques, dont la dépendance suffisoit à leur orgueil et à leurs caprices. Ils cherchoient donc dans la guerre, non des esclaves, mais des terres et des colons.

D’ailleurs, les esclaves qu’ils trouvoient dans les contrées envahies par eux, étoient en grande partie, ou des prisonniers faits sur quelqu’une des tribus de la nation victorieuse, ou les enfans de ces prisonniers. Un grand nombre, au moment de la conquête, avoient fui, ou s’étoient joints à l’armée des conquérans.

Enfin, les principes de fraternité générale, qui faisoient partie de la morale chrétienne, condamnoient l’esclavage ; et les prêtres, n’ayant aucun intérêt politique à contredire sur ce point des maximes qui honoroient leur cause, aidèrent par leurs discours à une destruction que les événe-