Page:Condorcet Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain.djvu/148

Cette page a été validée par deux contributeurs.
(140)

lité, et en peu de temps, des discours que la disposition de leurs parties, la méthode qui y règne, les ornemens qu’on sait y répandre, rendent du moins supportables ; c’est celui de pouvoir parler presque sur le champ, sans fatiguer ses auditeurs du désordre de ses idées, de la diffusion de son style, sans les révolter par d’extravagantes déclamations, par des non-sens grossiers, par de bizarres disparates. Combien cet art ne seroit-il pas utile dans tous les pays, où les fonctions d’une place, un devoir public, un intérêt particulier, peuvent obliger à parler, à écrire, sans avoir le temps de méditer ses discours ou ses ouvrages ! Son histoire mérite d’autant plus de nous occuper, que les modernes, à qui cependant il seroit souvent nécessaire, semblent n’en avoir connu que le côté ridicule.

Dès les commencemens de l’époque dont j’achève ici le tableau, les livres s’étoient assez multipliés ; la distance des temps avoit semé d’assez grandes obscurités sur les ouvrages des premiers écrivains de la Grèce, pour que cette étude des livres et des opi-