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ne reconnoît plus celle de Cicéron ou de Tite-Live, ni dans Augustin, ni même dans Jérôme, qui n’a point pour excuse l’influence de la barbarie africaine.

C’est que jamais à Rome l’étude des lettres, l’amour des arts, ne fut un goût vraiment populaire ; c’est que la perfection passagère de la langue y fut l’ouvrage, non du génie national, mais de quelques hommes que la Grèce avoit formés. C’est que le territoire de Rome fut toujours pour les lettres un sol étranger, où une culture assidue avoit pu les naturaliser, mais où elles devoient dégénérer dès qu’elles resteroient abandonnées à elles-mêmes.

L’importance dont fut long-temps, à Rome et dans la Grèce, le talent de la tribune et celui du barreau, y multiplia la classe des rhéteurs. Leurs travaux ont contribué au progrès de l’art, dont ils ont développé les principes et les finesses. Mais ils en enseignoient un autre trop négligé par les modernes, et qu’il faudroit transporter aujourd’hui des ouvrages prononcés aux ouvrages imprimés. C’est l’art de préparer avec faci-