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sur toutes les nations où l’esprit humain s’étoit élevé au-dessus de la foiblesse de sa première enfance.

Elle donnoit des lois à tous les pays où les Grecs avoient porté leur langue, leurs sciences et leur philosophie. Tous ces peuples, suspendus à une chaîne que la victoire avoit attachée au pied du capitole, n’existoient plus que par la volonté de Rome et pour les passions de ses chefs.

Un tableau vrai de la constitution de cette ville dominatrice, ne sera point étranger à l’objet de cet ouvrage : on y verra l’origine du patriciat héréditaire, et les adroites combinaisons employées pour lui donner plus de stabilité et plus de force, en le rendant moins odieux ; un peuple exercé aux armes, mais ne les employant jamais dans ses dissentions domestiques ; réunissant la force réelle à l’autorité légale, et se défendant à peine contre un sénat orgueilleux, qui, en l’enchaînant par la superstition, l’éblouissoit par l’éclat de ses victoires : une grande nation, tour-à-tour le jouet de ses tyrans ou de ses défenseurs, et pendant