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Les sciences trouvèrent dans la capitale de l’Égypte un asile, que les despotes qui la gouvernoient auroient peut-être refusé à la philosophie. Des princes qui devoient une grande partie de leur richesse et de leur pouvoir, au commerce réuni de la Méditerranée et de l’Océan Asiatique, devoient encourager des sciences utiles à la navigation et au commerce.

Elles échappèrent donc à cette décadence plus prompte, qui se fit bientôt sentir dans la philosophie, donc l’éclat disparut avec la liberté. Le despotisme des Romains, si indifférens aux progrès des lumières, n’atteignit l’Égypte que très-tard, et dans un temps où la ville d’Alexandrie étoit devenue nécessaire à la subsistance de Rome ; déjà en possession d’être la métropole des sciences, comme le centre du commerce, elle se suffisoit à elle-même pour en conserver le feu sacré par sa population, par sa richesse, par le grand concours des étrangers, par les établissemens que les Ptolémées avoient formés, et que les vainqueurs ne songèrent pas à détruire.

La secte académique, où les mathémati-