Page:Condorcet Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain.djvu/104

Cette page a été validée par deux contributeurs.
(96)

partie importante de la politique. Elle y formoit les hommes pour la patrie, bien plus que pour eux-mêmes, ou pour leur famille. Ce principe ne peut être adopté que pour des peuples peu nombreux, à qui l’on est plus excusable de supposer un intérêt national, séparé de l’intérêt commun de l’humanité. Il n’est pratiquable que dans les pays, où les travaux les plus pénibles de la culture et des arts sont exercés par des esclaves. Cette éducation se bornoit presque aux exercices du corps, aux principes des mœurs, aux habitudes propres à exciter un patriotisme exclusif : le reste s’apprenoit librement dans les écoles des philosophes ou des rhéteurs, dans les ateliers des artistes ; et cette liberté est encore une des causes de la supériorité des Grecs.

Dans leur politique, comme dans leur philosophie, on découvre un principe général, auquel l’histoire présente à peine un très-petit nombre d’exceptions ; c’est de chercher dans les lois, moins à faire disparoître les causes d’un mal qu’à en détruire les effets, en opposant ces causes l’une à l’autre ; c’est de vouloir, dans les institutions, tirer