Page:Condorcet - Sur la forme des élections.pdf/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(28)

on peut regarder comme bonne toute méthode d’élection, qui exclura ceux que le vœu de la pluralité tendroit à rejetter, enſorte qu’on ne puiſſe être élu, ſi on n’eſt pas jugé digne de la place par la pluralité, ou du moins ſi on en eſt jugé indigne, & dans laquelle on préférera ceux que le plus grand nombre croit devoir être appellés, en ayant égard cependant au vœu de préférence que la pluralité pourra former.

La premiere condition eſt néceſſaire ; on paroît en général l’avoir ſenti : mais il faut que ce vœu, par lequel la pluralité prononce non ſa préférence pour un tel individu, mais un jugement en ſa faveur une eſpece de conſentement à l’admettre, ſoit abſolument libre.

Par exemple, on exige dans le Réglement du 24 Janvier, qu’un candidat ait plus que la moitié des voix ; mais pour réunir cette pluralité, on oblige de choiſir entre les deux qui ont le plus de voix. Que ſignifie alors l’élection ? Rien, ſinon que celui, qui eſt élu, eſt moins déſagréable que ſon Concurrent à la pluralité des Électeurs.