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ſieurs Électeurs, leur vœu ne peut être regardé comme formé ſur un même objet, comme prononçant ſur la même queſtion, s’ils n’ont pas fait cette comparaiſon entre les mêmes individus.

Or comme la comparaiſon réelle entre tous les Concurrens eſt impoſſible, ſi, par exemple, tous les Citoyens d’un canton, d’une province ſont éligibles ; on n’a pas même réellement alors le vœu de chaque votant, & en les rapprochant, on eſt expoſé à regarder comme les mêmes ou comme oppoſés des jugemens qui ne ſont qu’étrangers l’un à l’autre, que formés entre des individus différens.

De plus, lorſque ce nombre eſt très-grand, lorſqu’il eſt preſque indéfini, c’eſt-à-dire, qu’on peut à peine ſe procurer une liſte de la totalité des Concurrens, il eſt impoſſible d’avoir une méthode praticable de faire une élection avec quelque apparence de ſuccès, ſans limiter ce nombre. En effet, ou il faut le réduire, ou il faut ſe contenter de la ſimple pluralité, ce qui peut conduire à regarder comme choiſi par deux cent, par trois cent