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se glorifier ni de l’excès de leur courage, ni de l’étendue de leurs lumieres ; et il a dû être permis aux hommes dont le patriotisme est sincere, et dont la politique a pour base la justice et la raison, de voir avec regret qu’on eût élevé cette question, et d’en attendre la décision avec indifférence. En effet, pourquoi chercher à créer, à l’exemple de l’Angleterre, un parti ministériel et un parti de l’opposition ? Cette lutte n’est pas celle de la liberté contre le pouvoir, mais un combat entre deux intrigues qui se disputent la puissance. C’est, d’un côté, l’hypocrisie du patriotisme, de l’autre, la corruption réduite en systême. Si, après avoir mérité de servir de modele dans les premiers traits de notre constitution, nous voulons modestement nous réduire au rôle d’imitateurs ; si, après avoir pris des guides qui pensoient par eux-mêmes, nous préférons ceux qui puisent leurs idées dans la pratique des autres peuples, pourquoi ne pas suivre l’exemple de l’Amérique plutôt que celui de l’Angleterre ? Là on ne s’occupe point de combattre le pouvoir exécutif, parce qu’on a su le contenir par des loix, et par-là échapper aux prestiges du faux patriotisme, comme aux