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pas toujours aux dépens de la paix, aux dépens de l’exécution de ses propres loix ? Craindra-t-on les intrigues qui accompagneront une élection ou une destitution régulieres, plus que les intrigues produites par l’influence nécessaire de l’assemblée sur le choix ou le renvoi des ministres ? Regardera-t-on comme un remede bien utile de déclarer que tel ministre a encouru la défiance de la nation ? Pourquoi l’assemblée nationale, au lieu d’exercer un droit essentiellement attaché à son existence, s’en arrogeroit-elle un qu’elle ne peut avoir, celui de déclarer son opinion sur l’opinion d’autrui ? Qu’elle eût dit que, les ministres ayant perdu sa confiance, elle ne pouvoit leur conférer l’exécution de ses décrets, alors elle n’eût usé que d’une partie de son pouvoir. Mais déclarer que telle est l’opinion de la généralité des citoyens, sans l’avoir constatée par l’examen des pétitions présentées par eux, c’est à la fois, et manquer à sa dignité, et usurper un pouvoir qui ne peut appartenir à personne, celui de déclarer un fait non personnel, sans en avoir juridiquement rassemblé les preuves.

Les auteurs de cette idée ne peuvent donc