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loir augmenter sa puissance aux dépens de la liberté. S’ils n’agissent point, on accusera leur inaction ; s’ils agissent, on rendra leur activité suspecte. C’est à l’assemblée nationale que la confiance du peuple a voué une soumission entiere : faites donc en sorte que le peuple voie, dans ceux qui administrent, les organes de la volonté de ses représentans. On dira toujours que le ministre d’un roi l’a trompé, qu’il abuse de sa confiance, qu’il substitue sa volonté personnelle à celle du prince. Mais on ne le dira point des ministres d’une assemblée ; et ces discours, sans effet dans la marche réguliere d’une constitution formée, suffisent pour répandre l’inquiétude et les allarmes, lorsqu’il faut établir la constitution, lorsqu’il faut sans cesse porter par-tout une main réformatrice.

Dira-t-on qu’on écoutera le vœu présumé de l’assemblée nationale ? Mais pourquoi substituer ce vœu à une véritable élection, puisqu’il ne peut en résulter ni la même confiance, ni la même dépendance exclusive de l’assemblée ? Dira-t-on que l’assemblée a des moyens de faire destituer ceux qui s’écarteroient de ses vues ? Mais n’est-ce