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sur l’esclavage des Negres

XII.

Réponſe à quelques raiſonnemens des partiſans de l’eſclavage.


Si ces réflexions obtiennent l’approbation des eſprits droits, des ames ſaines, l’auteur ſera plus que recompenſé. Mais il ne peut croire ſa tâche terminée, ſans avoir répondu à quelques raiſonnemens, d’autant plus faits pour ſéduire ceux qui ne réfléchiſſent pas, qu’ils portent avec eux l’air de la bonhomie & de cette bonne opinion de l’eſpece humaine, qui eſt devenue si à la mode, parce qu’on a trouvé très-commode de dire que le mal n’eſt pas dans la nature, pour être diſpensé de l’empêcher ou de le réparer.

Après tout, dit-on, les Negres ne ſont pas ſi maltraités que l’ont prétendu nos déclamateurs philoſophes ; la perte de la liberté n’eſt rien pour eux ; au fonds ils ſont même plus heureux que les payſans libres de l’Europe ; enfin leurs maîtres étant intéreſſés à les conſerver, ils doivent les ménager, du