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sur l’esclavage des Negres

a profité du travail de toute leur vie, ſeroit obligé de payer une pension annuelle, fixée par la loi. Cette condition ne ſeroit pas injuſte à l’égard du maître ; après avoir exercé, pendant cinquante ans, une injuſtice horrible sur ces malheureux, après avoir profité plus de trente ans de leur travail, il leur doit, en vertu du droit de la nature, & indépendamment de toute loi, non-ſeulement la nourriture, mais un dédommagement. Cependant nous reſpectons trop l’avarice des maîtres pour rien demander au-delà de la plus ſimple nourriture.

On pourroit craindre que ce changement ne rendît plus dur le ſort des Negres actuellement eſclaves. Ainſi il y faudroit pourvoir par une autre diſpoſition de la loi. Dans les viſites faites chaque deux mois, tout Negre, sur le corps duquel le médecin trouveroit des marques de mauvais traitemens, ſeroit déclaré libre, tout Negre malade, & qui manqueroit des ſecours néceſſaires, d’après l’examen du médecin, ſeroit déclaré libre, tranſporté hors de l’habitation, guéri aux dépens du maître, & nourri à ſes frais, juſqu’à ce qu’il fût en état de travailler. En général,