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sur le xxixe. liv. de l’esprit des lois.

il n’a certainement pas congé, en les écrivant, à César Borgia. Quant au livre intitulé Le Prince, quant à la Vie de Castracani, etc., ce sont des ouvrages où Machiavel développe comment un scélérat peut s’y prendre pour voler, assassiner, etc., avec impunité. César Borgia passa quelque temps pour être un bon modèle en ce genre ; mais il ne s’agit point là de législation.

Pourquoi Montesquieu n’a-t-il pas compté Locke parmi les législateurs ? Est-ce qu’il a trouvé les lois de la Caroline trop simples ?

Nous sera-t-il permis de placer ici quelques idées sur le sujet de ce livre ? Nous distinguerons d’abord le cas où il s’agirait de donner à un peuple une législation nouvelle ; celui où l’on ne statue que sur une branche plus ou moins étendue de la législation ; celui enfin où la loi n’a qu’un objet particulier.

Dans le premier cas, il est d’abord essentiel de fixer les objets sur lesquels le législateur doit statuer.

Ces objets sont :

1o. Les lois qui ont pour but de défendre les droits des citoyens contre la violence ou contre la fraude, ce sont les lois criminelles,