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uniforme et simple, il s’ensuivra que les gens de loi perdront l’avantage de posséder exclusivement la connaissance des formes ; que tous les hommes sachant lire seront également habiles sur cet objet, et il est difficile d’imaginer qu’on puisse regarder cette égalité comme un mal.

7o. Ce n’est point une petite vue que l’idée d’une uniformité qui donnerait à tous les habitans d’un pays des idées précises sur des objets essentiels, une connaissance plus nette de leurs intérêts, et qui diminuerait l’inégalité entre les hommes relativement à la conduite de la vie et des affaires.

8o. Un fermier général disait aussi en 1775 : Pourquoi faire des changemens ? est-ce que nous ne sommes pas bien ? La répugnance à changer ne peut être raisonnable que dans ces deux circonstances : 1o. Lorsque les lois d’un pays approchent tellement d’être conformes à la raison et à la justice, que les abus sont si petits que l’on ne peut espérer du changement aucun avantage sensible ; 2o. Dans celle où l’on croirait qu’il n’y a aucun principe certain, d’après lequel on puisse se diriger d’une manière sûre dans