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Je dirai la même chose des émeutes, comme elles ont pour causes l’opinion où est le Peuple des Villes, que le Gouvernement doit le nourrir aux dépens des campagnes, ou le préjugé que les Marchands de bled, sont la cause des disettes, & que le Gouvernement a entre les mains des moyens de les faire cesser : les mouvemens dans le Peuple, dureront autant que ces préjugés, la liberté ne peut les dissiper qu’à la longue ; & tant que les Magistrats subalternes ne seront pas convaincus des avantages d’un commerce libre, qu’ils n’en maintiendront la liberté qu’à regret, qu’ils y laisseront donner, qu’eux-mêmes y donneront des atteintes sourdes, toutes les fois qu’ils craindront le Peuple, ou qu’ils voudront le flatter, toutes les fois qu’ils chercheront à faire retomber sur les Ministres toutes les plaintes du peuple, ou bien qu’ils les exciteront en secret, il sera impossible que la liberté prévienne toutes les séditions ; mais c’est qu’alors la liberté n’existera point ; c’est qu’au lieu d’être limitée par la loi,