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que vous penſez de l’exportation des haricots qu’on défend toujours avec celle du bled : de l’exportation des chataignes qu’on a interdite dans quelques provinces, & de celle des œufs frais & du petit ſalé, contre laquelle on a derniérement voulu faire une belle loi. Ne pouvait-on pas permettre ſeulement l’exportation des chataignes bouillies & des omeletres, afin de rendre, come celui de la farine, ce commerce plus difficile, & de garder le bénéfice de la main-d’œuvre.

J’ai l’honneur d’être, avec le plus profond reſpect, &c.

M. N. a été un peu ſurpris de recevoir cette lettre d’un laboureur de Picardie : il s’eſt adreſſé à un de ſes correſpondans, dont il a reçu la réponſe ſuivante.

Je connais beaucoup le laboureur dont vous me parlez, c’eſt un home bizarre : il a pu être riche, il eſt pauvre : il a une femme & ſix enfans : il ne lui eſt arrivé que des évennemens facheux, & je n’ai jamais vu perſonne avoir l’air plus content de ſon ſort.