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J’ai rapporté votre ouvrage à M. le Capitaine qui demeure à la ville : il érait avec le Vicaire de ſa paroiſſe & un Echevin. Meſſieurs, leur dis-je, je voudrais ſavoir pourquoi vous, & les gens qui font de même état que vous, vous êtes en général ſi déchaînés contre la liberté des bleds ?

Mon ami, dit le Capitaine, je n’entends rien à toutes ces queſtions : mais j’ai peur que de la liberté du commerce des bleds, on ne paſſe à la liberté du commerce du ſel & du tabac, & ſi cela arrivait, mes troupes & moi, nous deviendrions inutiles. Nos Seigneurs les Fermiers n’auraient plus de quoi nous payer de retraites. Autrefois il y avait année commune, cinquante arrêts du Conſeil pour étendre les droits de la Ferme au-delà des conventions du bail, depuis que cet home à ſyſtêmes eſt en place, il n’en a pas fait rendre un ſeul. Auſſi…

Ma foi dit l’Echevin, s’il s’aviſait d’étendre la liberté des bleds ſur tous les objets qui ſe vendent aux marchés, nous n’aurions plus ni réglemens à faire, ni amendes à