Page:Condorcet - Lettre d'un laboureur de Picardie, à M. N, auteur prohibitif, à Paris.pdf/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(37)

ſouffrez pas que les partiſans du régime prohibitif, donnent des atteintes ſourdes à la loi paternelle de la liberté.

Délivrez cette liberté des entraves qui lui reſtent. Qu’une denrée néceſſaire à la vie come l’air qu’on reſpire, ait une circulation auſſi libre. Affranchiſſez les bleds des droits de péage.

Détruiſez ces droits de minage, de ſtellage, de hallage, de mélurage, reſtes honteux de notre antique ſervitude. Ils s’oppoſent à la diſtribution naturelle des ſubſiſtances : ils ſoumettent le commerce à l’inſpection, aux procédures d’une nuée de commis, citoyens inutiles qu’il faut encore que le commerce foudoye.

Détruiſez les bannalités : tant qu’elles ſubſiſteront, le commerce des farines ne ſera point vraiment libre. L’adreſſe avec laquelle les meûniers peuvent, à leur gré, diminuer ou augmenter la quantité ou le poids de farine que rend une même meſure, eſt une ſource de voleries ſi variées, ſi difficiles à conſtater, que la liberté en