Page:Condorcet - Lettre d'un laboureur de Picardie, à M. N, auteur prohibitif, à Paris.pdf/36

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(33)

Vous ignorez que dans preſque toutes les villes on eſt nourri par les boulangers : que les magazins des marchands de bled, les greniers des propriétaires ſont preſque tous dans les villes & que dans le tems de cherté, ce ſont elles qui doivent nourrir les campagnes.

Vous ignorez qu’il a été permis cette année, par un Arrêt du Conſeil, de porter du bled par mer d’une province à l’autre.

J’avais juſqu’ici regardé l’art de conſerver les grains come un art bienfaiteur, & je pratiquais avec ſuccès, les moyens propoſés par M. Duhamel : mais cet art eſt propre à augmenter la puiſſance naturelle du vendeur ſur le conſommateur, & il ſerait par conſéquent très-ſage de le proſcrire. De quoi s’eſt aviſé l’académie de Limoges de donner un prix à celui qui enſeignerait les meilleurs moyens de préſerver les bleds de charançons & de détruire ces inſectes : voilà ce que c’eſt de n’avoir que de petites vues ; ſi jamais les votres font fortune, nous verront les ſociétés litteraires propoſer pour prix