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nouvelles, que les frais de culture, le loyer du fonds, de la dixme, & la dépenſe néceſſaire à ſa ſubſiſtance peuvent alors abſorber au-delà du produit de ſes terres anciennes, il faut pour le déterminer à riſquer une entrepriſe, qu’il ſoit ſûr que dans une année d’abondance, ſon bled ne tombera pas à vil prix. Dans les mauvaiſes années le cultivateur ne vend preſque point de bled, & il a tout vendu avant le rehauſſement : il n’a donc d’encouragement que dans le bon prix des années fertiles.

D’ailleurs il ne s’agit pas ſeulement de défricher, il faut faire rapporter ſix à la terre qui ne rapportait que cinq, & pour cela il faut employer de nouvelles reſſources, faire des avances dont l’intérêt diminue à meſure que la culture plus parfaite rend les améliorations plus difficiles. Ce n’eſt pas tout encore, nous faiſons porter du bled à des terres qui ne portaient que du ſeigle : les terres à bled ſe ſont couvertes de lin, de chanvres, de colzas : l’aurions-nous fait ſi le ſur-plus de bled, produit par une cul-