Page:Condorcet - Lettre d'un laboureur de Picardie, à M. N, auteur prohibitif, à Paris.pdf/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(25)

obtenue : & que ſi nous préférons l’orgueil de nous défendre, au parti humiliant d’achêter la paix, nous riſquons notre ruine totale :

Qu’il n’eſt pas abſolument juſte que le bled que nous avons ſemé, ſoit mangé par les liévres ou par les ſangliers de notre Seigneur :

Que ſi nous ſouffrons des violences de la part d’un riche, des vexations de celle d’un ſubalterne, il nous ſera impoſſible d’obtenir une réparation, & qu’en oſant la ſolliciter, nous nous expoſons à une vengeance dont les loix ne nous préſerveront pas.

Voilà l’origine de cette patience apparente, que vous avez priſe pour de la ſtupidité. Mais un Roi juſte, & qui veut le bien de ſon peuple, nous a rendu l’eſpérance & la voix.

Nous oſons attendre de lui des loix de propriété, qui nous garantiſſent, le peu que nous avons, contre les ruſes de la chicane & les entrepriſes de l’home accrédité ; des loix de liberté qui défendent nos perſonnes de la violence des exacteurs, qui nous délivrent de l’eſclavage des corvées ; des loix de juſtice qui protegent notre perſonne, &