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les tyrans eux-mêmes qui ont ſonné le tocſin de la liberté, et les écrits les plus ardens de cette propagande qu’ils ont fait ſemblant de craindre, ne vaudront jamais un ſeul de leurs maniſestes. Mais quelle eſt donc cette guerre qu’ils viennent faire à un peuple libre ? C’eſt une guerre de fauſſaires, d’incendiaires et de traîtres.

Ils fabriquent de faux aſſignats avec leſquels la horde émigrée trompe & ruine les négocians de leurs propres alliés. C’eſt par la corruption et le parjure qu’ils cherchent à pénétrer dans nos villes ; ils permettent, ils ordonnent des violences perſonnelles contre les patriotes vertueux qui leur ſont indiqués par ces français parjures dont ils ont accepté la honteuſe alliance.[1]

Sont-ils forcés d’attaquer une de nos places, ce n’eſt point aux mu-

  1. Si trop ſouvent, par une politique coupable, on s’eſt permis d’employer, dans une guerre contre une Nation, le ſecours de ſes citoyens rébèles, les hommes d’Etat dignes de ce nom, ont toujours ſenti l’injuſtice & le danger de ce honteux moyen.

    Jean de Witt, cet homme qui réuniſfoit à tant de vertus & de courage le génie des ſciences & celui de la politique, ne voulut pas que, dans la guerre entre Cromwel & les Provinces-Unies, Charles ii montât ſur la flotte hollandaiſe.