Page:Condorcet - La République française aux hommes libres.djvu/8

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(8)

comme l’inaliénable patrimoine d’une douzaine de familles ; on y menace du pillage & de la mort quiconque oſera ne voir dans ces races ſacrées que des hommes ſoumis aux loix émanées de la volonté nationale ; & c’eſt dans le dix-huitième siècle que la tyrannie, fière des automates qu’elle a pliés à une honteuſe diſcipline, oſe tenir cet inſolent langage ! Elle ſemble croire incurable cette ſtupidité qui eſt ſon ouvrage, comme ſi les accens de la liberté n’appartenoient pas à toutes les langues ; comme ſi, dans leur énergique ſimplicité, ils ne devoient point frapper tous les eſprits & réveiller tous les courages.

Ainſi ces rois ne ſe donnent même pas la peine de diſſimuler leur mépris pour les hommes, ils ne cachent pas qu’ils ne veulent plus ſouffrir ſur la terre que des cadavres ou des eſclaves. Grâces leur foient rendues de cette imprudence qui ſans doute ranimera le ſentiment de la dignité première. Ce ne ſont point les Français, ce ſont