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ſervation de ſon indépendance ou pour l’intérêt commun du genre humain, elle croit devoir les aider à ſe donner une Conſtitution libre, ce fera celle qu’ils auront librement choiſie.

Elle ne fera jamais de conquête, parce qu’elle fait que, ſur chaque territoire, la ſouveraineté appartient au corps de nation qui l’habite ; & elle ne ſe permettroit de conſentir à une réunion que dans le cas où elle lui ſeroit demandée par un vœu émis avec une entière indépendance.

Dans les pays occupés par ſes troupes, les peuples qui voudront être libres deviendront ſes amis & ſes alliés ; elle plaindra ceux qui préféreront de relier eſclaves, & ne les ſoumettra qu’aux précautions néceſſaires pour les empêcher de lui nuire. Si enfin elle avoit le malheur d’être obligée d’envahir le territoire d’un peuple déjà libre, elle exerceroit à ſon égard cette généroſité que ſe doivent mutuellement des hommes dont la nature avoit fait des frères, & qu’une