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ni les rois, ni la nobleſſe, ni l’établiſſement d’un culte excluſif, que comme des inſtitutions politiques utiles à la paix, à la proſpérité d’une nation trop ignorante ou trop corrompue pour s’en paſſer encore. On en est réduit à calomnier les hommes, à les accuſer d’être indignes d’exercer dans toute leur étendue ces droits qu’ils tiennent de la nature, & que l’on n’oſe plus leur conteſter. Or quel enthouſiasme ! quelle paſſion capable de grands efforts ! quels mouvemens dignes de commander les ſuccès, peuvent naître de cette froide & fauſſe politique ! A quel imbécile perſuadera-t-on de mourir pour défendre ce qu’on eſt obligé de lui donner comme une erreur, que par mépris pour lui-même on juge encore utile de conſerver.[1]

  1. Qu’on liſe l’Ouvrage de Burke, le plus éloquent ennemi des principes français, & on trouvera qu’il ſe réduit à ce peu de paroles : Les hommes ſont des ſots éternellement deſtinés à être trompés & gouvernés par des rois & par des prêtres, & c’eſt pour le plus grand bien de tous. Les gens d’eſprit comme moi iront-ils ſe fatiguer pour éclairer les ſots ? non. Mais ils prendront, dans leurs dépouilles, la part que les rois & les prêtres voudront bien leur laiſſer.