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DE LA RÉPUBLIQUE,
ou
Un Roi est-il nécessaire à la conservation
de la liberté ?


Par Condorcet.


Discours dont l’Assemblée Fédérative des Amis de la Vérité a demandé l’impression, en votant des remercîmens à son Auteur.


Les François n’ont plus besoin que l’éloquence les appelle à la liberté. Le courage ardent qu’ils ont déployé pour la recouvrer, et la fermeté tranquille avec laquelle ils ont contemplé le grand danger qui vient de la menacer, prouvent assez qu’ils seront fidèles au serment de vivre et de mourir pour elle.

C’est donc à leur raison seule qu’il faut parler des moyens de s’assurer une liberté paisible, fortunée, digne en un mot d’un peuple éclairé. Affranchis, par un événement imprévu, des liens qu’une sorte de reconnoissance leur avoit fait une loi de conserver et de contracter de nouveau délivrés de ce reste de chaîne que, par générosité, ils avoient consenti à porter encore, ils peuvent examiner enfin si, pour être libres, ils ont besoin de se donner un roi. Car la nécessité seule peut excuser cette institution corruptrice et dangereuse.

Si le peuple se réserve le droit d’appeler une convention nationale, dont les membres élus par lui soient chargés de prononcer en son nom, qu’il veut ou qu’il ne veut plus conserver le trône ; si l’hérédité se borne à suivre ce mode de remplacement pour le très-petit nombre d’années qui doit s’écouler entre deux conventions, alors on ne peut pas regarder l’existence de la royauté