Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 8.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
38
l’influence de la révolution

blira en France, d’après un système plus régulier, plus conforme à la justice naturelle, et que nous réparerons par là le malheur et peut-être la honte d’avoir tardé si longtemps à suivre l’exemple des autres peuples ?

On verra sans doute les avantages particuliers du commerce avec l’Amérique diminuer peu à peu. Il ne restera plus à l’Europe que ceux qui naissent d’un commerce actif, étendu, entre des nations industrieuses et riches. Mais ce changement sera l’ouvrage de plusieurs siècles, et alors les nouveaux progrès du genre humain ne laisseront rien à regretter aux nations éclairées des deux mondes.

Il est impossible qu’une nation de plus, ajoutée au petit nombre de celles qui font le commerce avec intelligence et avec activité, n’augmente entre elles cette concurrence dont l’effet naturel est de diminuer les frais de transport ; et c’est un bien pour toutes les nations qui n’ont d’autre intérêt réel que de se procurer, avec abondance et au plus bas prix possible, les denrées que le besoin ou l’habitude leur rendent nécessaires.

Enfin, il ne faut pas croire que le commerce de l’Amérique doive se borner aux objets qu’elle fournit maintenant à l’Europe. Combien cette contrée immense ne renferme-t-elle pas de substances à peine connues aujourd’hui de nos naturalistes, et même presque ignorées de ses habitants, dont bientôt le commerce nous fera connaître l’utilité ? Quand bien même la conjecture que nous hasardons ici ne serait pas appuyée sur la connaissance de plusieurs pro-