Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 8.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
l’influence de la révolution

procurerait en Amérique en les échangeant pour des produits de ses manufactures. 2° Parce que dans les années de disette en blé, le blé et le riz de l’Amérique seraient une ressource importante pour ses provinces situées sur l’Océan, ou qui communiquent avec cette mer par des canaux et des rivières navigables. 3° Parce qu’elle peut établir avec l’Amérique un très-grand commerce en vins ; et qu’ayant presque exclusivement ce commerce particulier, en même temps que relativement aux manufactures elle peut au moins soutenir la concurrence avec l’Angleterre, il doit naturellement arriver que ce commerce nécessaire lui fasse obtenir la préférence sur l’Angleterre pour tous les autres ; et il n’est pas douteux qu’elle ne l’ait sur le reste des nations européennes, tant que l’industiie du Portugal et de l’Espagne n’aura point fait de progrès.

On a pu croire que l’Angleterre aurait au contraire la supériorité, et certainement, toutes choses égales d’ailleurs, la conformité de langage, de manière de vivre, de religion, jointe à l’habitude de se servir des produits de manufactures anglaises, pourrait avoir une grande influence. Mais il faut observer que cette influence n’exercerait tout son empire que dans le premier moment ; or, dans ce premier moment, les restes d’une indignation trop bien fondée, les liaisons contractées pendant la guerre dernière, doivent nécessairement diminuer l’effet des motifs qui auraient pu déterminer les Américains à donner la préférence à l’Angleterre, et la France aura le temps d’employer les moyens qui dépendent d’elle,