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l’influence de la révolution

la culture en obtient le même encouragement. Dans un cas on cultive pour acheter les denrées étrangères, dans l’autre, pour entretenir les ouvriers nationaux, et l’effet est le même si l’on ne décourage pas la culture par des lois prohibitives. Mais, dans le premier cas, la culture seule est encouragée ; dans le second, l’industrie l’est en même temps, et l’on y gagne l’avantage d’avoir à un prix égal des produits de manufacture plus parfaits.

Enfin il vaut mieux, et par la même raison, tirer des denrées non manufacturées que des produits de manufactures, mais toujours avec la même condition de la liberté entière. Cette condition est nécessaire, parce que sans elle il arrivera, ou qu’on vendra les denrées brutes à plus bas prix, ou qu’on achètera plus cher les produits des manufactures ; ce qui devient un mal, une perte réelle, et détruit même avec excès les avantages qu’on peut attendre de cette combinaison de commerce.

Après avoir établi ces principes, examinons les avantages pour l’Europe, et pour la France, d’un commerce immédiat et plus étendu avec l’Amérique.

D’abord toute extension d’un commerce libre est un bien : 1° En ce qu’il en résulte nécessairement d’un côté plus d’encouragement pour la culture, d’un autre plus de jouissances pour le même prix. 2° En ce qu’il en résulte naturellement, que chaque pays arrive plus promptement à ne cultiver, à ne fabriquer que ce qu’il peut cultiver ou fabriquer avec le plus d’avantage. L’accroissement des richesses et de bien-être qui peut résulter de l’établissement